top of page
  • Photo du rédacteurÖtzi

Significations et civilisations : le tatouage Maori

Tout le monde connaît les tatouages tribaux, qui firent fureur chez tous les tatoués entre les années 2000 et 2010. Sa signification historique s’est peu à peu diluée au profit des moqueries, ces tatouages étant associés à un simple effet de mode. Pourtant, dans la civilisation Maori, se voir affublé de ces dessins était un véritable honneur.


S’il existe encore de nombreux débats entre les historiens pour la date exacte, les Maoris auraient commencé à immigrer en Nouvelle-Zélande par vagues successives à partir du XIIIe siècle. Ce peuple, historiquement guerrier, rassemble aujourd’hui un peu plus de 900 000 individus répartis entre la Nouvelle-Zélande (majoritairement), l’Australie et le Royaume-Uni.


Lorsque l’on pense aux Maoris, on pense forcément aux tatouages tribaux. Cette tradition historique est le fruit d’une légende quasiment similaire avec une légende polynésienne. Un jeune homme, Mataora (« visage de la vitalité » dans la langue de Molière), est tombé amoureux de la déesse Niwareka. Un jour, Mataora et Niwareka ont eu une violente dispute et Mataora s’en est alors pris physiquement à sa douce, qui serait alors retournée dans le « Uetonga », le royaume de son père. Comprenant son erreur et regrettant ses actes, Mataora s’est alors rendu au Uetonga pour tenter de reconquérir celle dont il était tombé amoureux. Cette aventure ne fut pas sans mal : il traversa de multiples épreuves pour enfin y parvenir. Il arriva donc épuisé et dans un état lamentable, notamment son visage qui était très sale. La famille de Niwareka s’est alors moqué de lui. Mataora, conscient de son erreur originelle, a accepté les moqueries et a demandé le pardon de Niwareka. Énervée contre lui mais toujours amoureuse, la déesse finit par lui pardonner son erreur. Avant de les laisser repartir dans le monde des mortels, le père de Niwareka a alors appris à Mataora l’art du tatouage, le « Ta Moko » en Maori. À son retour, Mataora l’a alors enseigné à ses compatriotes qui ont vu le tatouage comme un art divin.

crédit photo : Imagicity.com


Le Moko est le tatouage le plus symbolique de la civilisation Maori. Appliqué sur le visage, la partie la plus sacrée dans la mythologie Maori, il avait une vraie fonction sociale dans cette civilisation. Les personnes qui ne possédaient aucun tatouage n’avaient aucun rang dans la société, alors que ceux qui avaient un statut de haut rang possédaient des tatouages très complexes. Il était possible d’obtenir toutes les informations sur la personne rien qu’en regardant son visage : rang social, fonction, force.. Ils s’inspiraient de la nature et de leur environnement pour créer leurs dessins.


Les lignes du Moko ont chacune leur symbolique qui étaient réservées à des parties spécifiques du visage. Par exemple, la section Ngākaipikirau, située au centre du front, donne l’information sur la lignée directe de descendance divine des chefs de tribus.

Les guerriers étaient tatoués très jeunes, ce qui symbolisait un rite de passage à l’âge adulte. Comme aujourd’hui, certains tatouages servaient aussi à marquer des évènements de la vie personnelle de chacun.

Si les tatouages étaient essentiellement réalisés sur le visage, certaines tribus se faisaient marquer ailleurs : sur les fesses, sur les cuisses, sur les genoux, etc. Pour les femmes, les tatouages étaient généralement réalisés sur le menton, avec de plus petites pièces. Ils étaient pour elles une marque de séduction et de beauté.

Ces pièces étaient si complexes qu’aujourd’hui, on parle plus de « style Maori » que de « tatouage Maori ». Le vrai Moko est réservé à cette population qui connait tous les codes et qui sait les retranscrire à la perfection dans ses créations. C’est une partie très importante de leur histoire : pour eux, lorsque l’on tente de reproduire un tatouage Maori, c’est une immense insulte puisqu’ils considèrent qu’on leur prend leur identité.


Voici les différents rangs identifiables grâce aux lignes du Moko :

Taiopuru : chef suprême

Tapairu : chef suprême féminin

Ahupiri : chef de haut rang responsable de plusieurs tribus

Noaia : guerrier descendant de l’un des deux premiers rangs, assurant la stabilité politique

Konini : a de l’autorité sur une région ou une confédération

Kaitahutahu Arikinui : chef de haut rang qui a uni une confédération de tribus

Kaitahutahu Ariki : chef de haut rang d’un groupe tribal constitué d’un nombre d’unités défini

Rangatira : chef d’un village tribal

Tutua : personne ordinaire avec peu de Mana (le Mana est une émanation de la puissance spirituelle)

Esclaves : aucun mana ne leur est accordé de par leurs ancêtres, sauf s'il leur est accordé de par leurs services

crédit photo : mountainjade.co.nz


Le processus de tatouage Moko Maori est extrêmement douloureux. Ces dessins étaient traditionnellement réalisés à la main à l’aide d’outils faits en dents, appelés « uhi ». Ces ustensiles comportaient de longues lames aiguisées, ce qui explique que les traits réalisés étaient très droits et très symétriques. Les artistes pratiquaient d’abord de larges entailles dans la peau avant de tremper le uhi dans des pigments de suie et de les tapoter dans la plaie à vif grâce à un petit maillet appelé « tā ». Les pigments étaient extraits de la gomme de Kauri brûlée, issue d’un arbre néo-zélandais, ou d’un champignon brûlé appelé Cordyceps. Cette pratique s’accompagnait de musique et de chants pour aider à apaiser la douleur tant celle ci était importante. Plusieurs règles étaient alors à respecter par la suite. Les nouveaux tatoués ne pouvaient pas avoir de rapports sexuels et ne pouvaient absolument pas avaler des aliments solides. Les éléments liquides étaient alors les seuls autorisés pendant la phase de cicatrisation. Les blessures étant relativement importantes, notamment pour les tatouages sur le visage entier, ces précautions étaient prises pour éviter que les plaies se rouvrent et que la douleur se ravive.

Aujourd’hui, le tatouage Maori est encore très pratiqué dans cette civilisation. Son symbolisme n’a jamais disparu et il est sans doute l’un des tatouages les plus connus du monde entier.


Kyllian RIVENET



crédit photo : allotattoo.com

222 vues0 commentaire
bottom of page