Dans les milieux carcéraux, les tatouages prennent une autre signification. Au-delà de leur valeur esthétique, ils représentent souvent des symboles liés au monde de la prison ou d'autres univers criminels, expliquant un envoi derrière les barreaux pour ces tatoués. Otzi s’y est émergé pour vous, vous nous remercierez plus tard.
Étudiés depuis leur première observation dans les prisons, les tatouages peuvent être des indicateurs précieux sur un prisonnier et son comportement. Ceux-ci sont répertoriés par les forces de l’ordre et les organisations des pénitenciers à travers le globe afin de pouvoir mutualiser leurs significations. Ces tatouages peuvent par exemple symboliser une affiliation à un gang, comme par exemple la couronne. Si celle-ci à moins de cinq piques, c’est purement esthétique. Mais si elle atteint ce chiffre, cela indique une appartenance au gang des Latin Kings. Un des plus puissants gangs hispaniques des États-Unis, installés à Chicago.
Un moyen d'identification
Il existe également des formes d’allégeance à d’autres causes. Si la croix gammée, symbole du régime nazi, est un motif bien connu, il existe également un autre tatouage très répandu qui représente également le troisième Reich : le chiffre 1488.
14 pour les 14 mots du slogan du parti nazi américain « We must secure the existence of our people and a future for white children » ce qui signifie « nous devons sécuriser l’existence de notre peuple et de nos futurs enfants blancs ». Le 88 lui est une répétition de la 8ème lettre de l’alphabet H pour « Heil Hitler ». Il existe cependant des cas où les prisonniers tatoués n’appartiennent ni à un gang ni à un parti politique radical. Dans ces cas-là, l’Observatoire Internationale des Prisons a déduit un symbole de rébellion vis-à-vis de l’ordre.
Dans d’autres cas, les tatouages mêlent l’ambiance carcérale à l'intimité des tatoués. Plusieurs symboles parlent, non sans une certaine dose de métaphore, des problèmes de drogues en prison et du temps passé dans celle-ci. Parmi les plus présents, les toiles d’araignées situées au niveau d’articulations et le serpent autour du cou. Dans ces deux cas, le tatouage représente une addiction forte qui conditionne la vie du détenu. Une accoutumance d’autant plus dure à vivre derrière les barreaux, ces tatouages avertissent d’un prisonnier en potentiel manque et donc fortement instable. La France n'est pas exempt de ces problèmes de drogues.
Entre la vie et la mort
Comme dans le dernier cas, la plupart de ces tatouages permettent de niveler la dangerosité d’un prisonnier. Et la période de temps passé derrière les barreaux se retrouve bien souvent corollaire à cette échelle de danger. Ces tatouages varient selon la durée, et ne sont pas proportionnels en taille à la durée d’incarcération contrairement à certaines croyances populaires. Par exemple certains prisonniers russes symbolisent leurs années de prison par des clochers de cathédrale orthodoxe, chaque tour représente un an. Des tatouages très massifs essentiellement présents sur le torse ou le dos. Aux États-Unis et en Amérique du Sud, le bracelet de menotte à un poignet représente cinq années derrière les barreaux. Et, à nouveau en Russie, un crâne sur une croix d’os est signé… peine à perpétuité.
Enfin, certains tatouages prennent le rôle de décoration officieuse. Seule une poignée de tatoueurs prisonniers clandestins les dessinent, et en dehors encore moins, question d'éthique . Et pour cause, ceux-ci sont souvent des symboles d’une grande violence ou de faits condamnables. Les larmes sur les coins des yeux indiquent un homicide. Les étoiles à huit branches sur chaque épaule sont une distinction pour les voleurs de haut rang. Et la dague transperçant le coup indique un homme en ayant tué un autre, qui est prêt à recommencer.
Il est peu probable ( en tout cas on vous le souhaite) que cet article vous aide à choisir un jour votre camarade de cellule. Il reste toutefois important de connaître cette déclinaison du tatouage qui retrouve derrière les murs des pénitenciers un aspect primitif et clandestin qui renoue avec certaines de ses racines.
Thomas MONTEIL
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